Bilan du passage du cyclone Garance à La Réunion

Le cyclone Garance est passé, et il laissera sans aucun doute des traces durables dans la mémoire de nombreux Réunionnais. Ce phénomène météorologique, d'une intensité marquante, a fortement impacté l'île.

Sa formation s’est produite dans un contexte de flux de mousson actif, favorisant une descente de la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) et créant les conditions propices à l’émergence d’un système cyclonique.

Le bilan qui suit ne pourra être totalement exhaustif, tant l’ampleur des dégâts est vaste et encore en cours d’évaluation. Toutefois, l’objectif est d’apporter une analyse des principaux impacts du cyclone Garance et d’en tirer des enseignements pour mieux se préparer aux prochains phénomènes météorologiques extrêmes.

1. Formation et trajectoire du cyclone Garance

1.1. Genèse du système

Dès le 23 février, le CMRS (Centre Météorologique Régional Spécialisé) identifiait un risque important de formation d'une tempête à partir du 26. Le 24 février, les bulletins réguliers sur cette zone perturbée ont commencé à être émis.

• 25 février à 14h00 : le système atteint le stade de tempête tropicale modérée et est baptisé Garance par les services météorologiques malgaches.
  
• 26 février 2025 : renforcement en forte tempête tropicale (passage en alerte orange).
  
• 26 février à 18h00 : Garance atteint le stade de cyclone tropical.
  
• 27 février : le système s'intensifie en cyclone tropical intense.

1.2. Trajectoire suivie jusqu'à La Réunion

Les premiers modèles prévoyant sa trajectoire suggéraient initialement un passage proche de Maurice. Cependant, à partir du 25 février, les projections se sont progressivement décalées vers l'ouest, se centrant de plus en plus vers La Réunion. Rapidement, les modèles ont convergé vers une prévision unanime : un passage sur ou à proximité immédiate de l'île était envisagé.

Sur le plan de l'intensité, Garance était un cyclone de petite taille, ce qui le rendait susceptible d'une évolution rapide, tant en intensification qu'en affaiblissement. L'approche de La Réunion s'est faite alors que le système était encore un cyclone tropical intense. Toutefois, sous l'effet combiné du relief de l'île et d'un cisaillement du vent persistant, Garance a commencé à s'affaiblir, touchant finalement La Réunion au stade de cyclone tropical.

2. Impact météorologique sur l'île

2.1. Vents et rafales enregistrées

Il fallait remonter au cyclone Firinga pour observer des rafales aussi violentes sur le littoral réunionnais ! LE littoral est n’a pas connu de telles valeurs depuis Jenny en 1962. Voici quelques valeurs de vents maximales relevées :

• 234 km/h à Sainte-Rose

• 217 km/h à La Plaine des Cafres

• 214 km/h à Gillot, Sainte-Marie

• 199 km/h à Saint-Benoît

Les vents ont causé d'importants dégâts, notamment dans l'est de l'île, entre Saint-André et Sainte-Rose. La commune de Saint-Benoît a particulièrement été touchée par la partie 

2.2. Pluies et inondations

Des cumuls de pluie exceptionnels ont été enregistrés en seulement 24 heures (du jeudi 23h00 au vendredi 23h00) :

• 547 mm dans les hauts de Saint-Denis (dont 300 mm en 3h !)
  
• 475 mm à Mafate
  
• 498 mm au Maïdo
  
• 456 mm à Cilaos
  
• 451 mm à Salazie
  
• 433 mm à Petite France (Saint-Paul)

Des inondations historiques ont touché plusieurs secteurs :

• À Saint-Denis, la rivière Saint-Denis est entrée en crue, emportant tout sur son passage (voitures, camions, débris...) et inondant de nombreuses habitations.
  
• À Saint-Paul, la ravine Saint-Gilles est sortie de son lit, inondant le centre-ville et provoquant l'effondrement du radier de la route N2001.
  
• La route de Salazie a subi de nombreux éboulements, entraînant sa fermeture jusqu'au 2 mars 2025.

3. Conséquences et dégâts

3.1. Bilan humain

• 5 morts
  
• 5 blessés
  
• 953 personnes en centres d'hébergement
  
• 160 000 foyers privés d'électricité
  
• 300 000 personnes privées d'eau potable
  
• 139 000 abonnés sans internet

3.2. Dégâts matériels

• Réseau électrique endommagé, de nombreux poteaux et pylônes à terre.
  
• Routes coupées, éboulements à Salazie, sur la route du littoral, sur la route de La Montagne …
  
• Toitures arrachées, baies vitrées explosées, particulièrement à Saint André, Bras-Panon, Salazie et Saint Benoît. La seule ville de Saint André compte pas moins de 80 toitures, partiellement ou en totalité arrachées.
  
• Maisons entièrement soufflées dans le cirque de Salazie.
• Impact sur l'agriculture : plantations de bananes, champs d'ananas, de cannes à sucre et vergers détruits.

Le cyclone Belal en janvier 2024 avait causé 100 millions d’euros de dégâts. Garance ayant été plus destructeur, ce montant risque d'être largement dépassé. Le 6 mars 2025, les assurances estimaient le coût du cyclone Garance à 160 à 200 millions d'euros.

4. Enseignements et perspectives

Ce cyclone soulève des questions sur le respect des normes anticycloniques et la préparation des habitants à des évènements climatiques majeurs. Il est essentiel de renforcer la sensibilisation aux risques cycloniques et d'inciter à une meilleure préparation.

Conclusion

Garance restera gravé dans la mémoire collective comme un cyclone historique. Il rappelle la nécessité d'une vigilance constante et d'une amélioration des infrastructures pour faire face à ces phénomènes extrêmes. Plus que jamais, la Réunion doit s’adapter et renforcer sa résilience face aux cyclones futurs.